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plus parfait de tous les arts, que le goût de la musique, l’aptitude à l’exercer, le don d’exprimer nos émotions sous cette formes, et si vous le voulez de produire à son aide au fond des âmes des agitations encore inconnues, soient la preuve d’une supériorité absolue de notre époque sur celles qui l’ont précédée ? Cet argument en faveur du progrès nous semble très contestable. La grandeur de notre siècle n’est pas là ; c’est en dehors des arts qu’il faut la chercher. Ce n’est pas de l’histoire des arts qu’il faut s’étayer pour démontrer par les faits de notre temps la perfectibilité indéfinie du génie humain.


III


Si l’on veut prouver la continuité du progrès et faire valoir notre siècle par ses vrais mérites, par des œuvres originales, il faut proclamer que l’ère des arts est terminée, comme on l’a prétendue pour l’ère des religions ; il faut saluer la science et l’industrie, désormais souveraines du monde, et souveraines absolues. C’est par elles, en effet, que l’homme peut poursuivre et qu’il espère obtenir cette puissance et ces jouissances illimitées qu’on lui présage. La science au lieu de la religion, l’industrie à la place de l’art, tel est le programme de la philosophie positive, et il faut adopter ce programme pour croire sincèrement au progrès indéfini. En apparence, le progrès ne supprime pas les arts comme il veut supprimer la