Page:Laprade - Essais de critique idéaliste, Didier, 1882.djvu/74

Cette page n’a pas encore été corrigée

durée nettement distinct des autres moments, en un mot ils ont un âge, si difficle qu’il soit de préciser quel est cet âge ; ils parcourent une de leurs saisons, et le nombre de leus saisons est borné. Dieu seul n’a pas d’âge, pas de saisons, pas moments ; car dieu seul est éternel.

Est-il absolument impossible, à l’aide de la philosophie, de la science naturelle, de l’histoire déjà si riche en documents, de prouver qu’il y a des âges dans le développement de l’esprit humain sans que le retour soit possible vers un âge écoulé et sans que la succession de ces âges constitue un progrès nécessaire ? L’histoire des arts nous démontre, avec la dernière évidence, cette succession des saisons dans l’humanité comme dans l’individu. Les arts n’acquièrent pas tous leur perfection au même moment de la vie des peuples ; sans doute ils coexistent à l’état rudimentaire dès le principe des sociétés ; à toutes les époques ils se prêtent un mutuel appui ; mais ils se succèdent dans le principat et n’occupent que chacun à leur tour le rôle de coryphée. Depuis que les arts ont apparu dans l’histoire, chacun d’eux a-t-il suivi une marche ascendante, de telle sorte que, de progrès en progrès, et sans tenir compte des déviations passagères, il ait atteint de nos jours, un degré de supériorité incontestable sur les œuvres anciennes de deux et de trois milles ans ?

Prenons l’architecture, la statuaire ; la peinture même, quoique son avènement au principat soit de date plus récente et toute chrétienne. Nous ne posons pas la