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le destin de l’homme est d’atteindre, dès cette vie, un très haut degré de lumière et de vertu, il est absurde d’affirmer que cette progression n’aura pas de terme, puisque l’homme est évidemment borné dans sa puissance, et notre globe borné comme nous dans la durée.

Tout en rejetant l’idée du progrès absolu et fatal de la perfectibilité illimitée, ne peut-on admettre des accroissements très probables et très considérables dans tout ce qui fait la grandeur de l’homme ? On le peut et on le doit ; on a même le droit d’ajouter qu’il n’est guère possible d’assigner un terme fixe à cette ascension des sociétés humaines. La raison nous permet de croire à bien des progrès , l’imagination nous y pousse, notre amour pour nos semblables nous le fait désirer. Jusqu’où s’étendra ce perfectionnement ? Pour professer qu’il n’aura pas de terme, il faut croire à l’éternité de ce globe ; pour dire quand il s’arrêtera, il faut se vanter de connaître au juste l’âge de l’humanité et le temps qui lui reste à vivre. Nous n’avons pas cette prétention.

Est-ce à dire que l’humanité n’ait pas à ce jour un âge quelconque ; qu’elle ne soit pas soumise à la nécessité des saisons, à cette loi de la croissance, de la maturité et du déclin à laquelle n’échappe aucun des êtres de l’univers visible, depuis l’hysope et la fourmi jusqu’au plus immense des soleils ? Nous croyons profondément à l’unité de la loi dans la nature ; notre globe et la race qui l’habite ont commencé et ils finiront ; ils sont tous deux à un moment de leur