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de progrès entraîne des exagérations qu’il faut combattre. Voyons dans quelle mesure elle s’accorde avec la saine philosophie et les croyances chrétiennes.


II


Pour réduire à sa juste valeur la théorie du progrès nécessaire et indéfini, il suffirait de poser deux principes, regardés jusqu’ici comme des axiomes du sens commun, mais niés, il est vrai, par les sectes nouvelles : la liberté de Dieu et le libre arbitre de l’homme. Nous n’avons pas besoin de plaider ici en faveur de ces deux dogmes ; faisons simplement appel à la croyance immortelle de l’homme en sa liberté morale. Notre âme est libre en ses déterminations ; elle peut choisir bien ou choisir mal ; elle peut embrasser la vérité ou l’erreur ; elle peut résister par l’intention à l’ordre divin, ou s’y associer avec amour. Ce sont là, pour nous, des articles de foi contre lesquels rien ne prévaut ; nous rejetons de prime abord dans la doctrine du progrès tout ce qui porterait atteint [sic] au principe de la liberté morale. L’homme est appelé à monter, mais il peut déchoir ; voilà le vrai.

Il est impossible de déterminer à l’avance quel usage fera l’humanité de son libre arbitre ; s’il faut espérer qu’elle s’élèvera toujours plus haut vers la vérité, vers la beauté et la bonté, il faut craindre sans cesse qu’elle ne s’éloigne. Toute l’histoire,