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le singe s’est fait homme, que si la brute humaine, dont on trouve encore des échantillons dans quelques îles de la mer du Sud, s’est élevée par ses propres forces jusqu’à ce degré de perfectionnement que comporte l’existence des grands esprits du christianisme et de l’antiquité grecque, on peut considérer comme possible cette transformation de l’homme actuel en une sorte de magicien ou d’ange, dont le regard percera jusqu’aux sphères les plus lointaines.

Si Platon et Bossuet sont issus d’un singe ou simplement d’un sauvage privé de toute révélation, on ne voit pas pourquoi, de la race de Platon et de Bossuet, ne sortiraient pas quelque jour ces sorciers tout-puissants et presque divins, prédits par les adeptes de la science moderne. La doctrine du progrès indéfini nous ouvre donc de magnifiques espérances, mais ses fruits immédiats sont moins brillants. N’examinons pas quels ont été et quels peuvent être ces résultats dans le domaine des faits ; restons dans le domaine des idées ; voyons quelles sont les conséquences de ce dogme du progrès dans les sciences historiques et politiques. Nous allons les déduire avec la plus sincère logique. Elle nous semblent à nous formidables, mais la critique moderne ne recule pas devant elles.

Toute religion, toute forme de l’art et de la société humaine sont supérieures aux formes qu’elle remplacent. L’avenir vaudra mieux que le présent. Ni Dieu, ni l’homme ne peuvent rien contre cette heureuse fatalité. La victoire est le juge infaillible de la