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quelque fanatisme rétrograde, peut-être même de quelque sordide calcul. Vous blasphémez la lumière et les « idées modernes », vous êtes un esprit sombre, amer, jaloux, un mécontent à tout prix, et presque un ennemi de votre peuple.

Cherchons donc, bien sérieusement, dans quelle mesure il faut adhérer à cette religion du progrès ; écartons pour cela les nuages dont ses mystiques l’enveloppent, afin de lui conserver le prestige du merveilleux.

Ce n’est pas dans tel ou tel volume qu’on peut trouver la formule précise du dogme nouveau ; l’idée du progrès a des milliers d’évangélistes, sans avoir encore un symbole bien déterminé. C’est de l’ensemble des affirmations de la science et de la politique de notre temps, des aspirations de la poésie et de l’art, des espérances communes aux masses populaires et à certains esprits d’élite, et chaque jour exprimées par les événement et les écrits, que nous essayerons de tirer les divers articles du Credo de notre siècle sur la perfectibilité humaine.

A cette noble croyance d’un progrès sans limite pour l’âme humaine, mais en l’appliquant au bonheur terrestre, on voudrait aujourd’hui subordonner toute religion, on se sert d’elle pour battre en brèche le christianisme. Voyons quels sont les titres de cette doctrine à remplacer tout autre dogme sur la destinée humaine. Sachons à quel degré elle peut s’allier avec d’autres principes également précieux à notre conscience.