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Je sais tout ce qu’à l’âme enseigne la souffrance.
À ses rameaux divers j’ai cueilli la science.
J’ai grossi mon trésor, chez toutes nations,
De l’or accumulé des générations.
J’ai des temples obscurs approfondi les rites,
Et les vertus des dieux dans leurs œuvres écrites
La mer et le désert m’ont livré leurs secrets,
J’interprète aux mortels la langue des forêts,
Et le vol des oiseaux et le pouvoir des plantes.
Je sais guider la sève et les laves brûlantes.
De la terre à ma voix jaillissent les métaux,
Et mes enchantements fécondent les troupeaux.
Les rebelles saisons par mon art conjurées
Versent dans nos greniers des moissons assurées :
La corne d’or se ferme et s’ouvre à mon vouloir.
Et, des rudes travaux libre par le savoir,
Dans un empire heureux réglé par ma prudence,
L’homme s’est asservi la déesse Abondance.

« Les peuples m’ont fait reine ; aux fins que je prévois,
Soumis avec amour ils marchent à ma voix ;