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Dans tout notre univers remué sans relâche
Poursuis avec amour cet être qui se cache ;
Garde ton désir pur dans la joie et l’ennui ;
Dieu volera vers toi si tu marches vers lui.
Mais pour trouver ce dieu dans son gite suprême.
Avant tout, ô Psyché ! cherche-le dans toi-même,
Visite tes pensers de ses traces remplis,
Et de ton propre cœur connais tous les replis. »


PSYCHÉ

« Puissent les immortels accueillir tes présages,
Comme moi, tes leçons, ô sage entre les sages !
La lumière et la paix coulent de tes discours.
Mais parle-nous de toi ! que fais-tu de tes jours ?
Dis-nous, pour être encor limpide à faire envie,
Quelle pente a suivi le beau flot de ta vie ?
Ton œil est jeune et pur sous ton front argenté :
D’où vient sa profondeur et sa sérénité ?


LE VIEILLARD.

« Chacun se fait sa vie agitée ou paisible.
Nous avons tous les deux la soif de l’invisible,
Mais, dans mon cœur, peut-être, apportant plus de foi,
La mémoire a parlé plus vive que chez toi.
Car, avant de descendre aux terrestres demeures,
J’ai connu, comme toi, des régions meilleures,
Et cet hymen sacré commencé dans l’éther
Qui doit se renouer au sein de Jupiter.

« L’àme avant de traîner ce corps qui l’embarrasse,
A la suite d’un dieu voyageait dans l’espace ;