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Écarte les rameaux les plus mélodieux,
Et les touffes de fleurs qui t’embaument le mieux.
Cherche au fond de l’azur des plus pures fontaines ;
Remonte jusqu’au nid des brises incertaines ;
Jusqu’à la grande mer suis la chute des eaux ;
Vers l’éternel printemps suis le vol des oiseaux.
Marche sans te lasser vers toute chose belle ;
La beauté, de l’amour c’est la forme éternelle !
C’est ici-bas le voile au contour radieux
Qui nous laisse arriver le sourire des dieux ;
Et, sur nous descendu, ce rayon de leur flamme
Fait croître en l’échauffant les ailes de notre âme.

« Garde aussi le trésor aux temples dérobé,
Et des trépieds divins l’enseignement tombé.
Mais reviens des autels t’asseoir sous les portiques ;
Pèse en de sages mains les oracles antiques.
Écoute les discours que se disent entre eux
Ces vieillards encor verts de la muse amoureux ;
Leur âme est un creuset d’où coulent épurées
Les choses des vieux jours et les fables sacrées.
Ils tiennent le fil d’or de l’écheveau des temps,
Et, par le seul amour et les désirs constants,
Chacun d’eux, sans trépieds et sans mystiques fièvres,
Sait contraindre les dieux à parler par ses lèvres.
L’active intelligence errant à l’horizon,
Dans le cœur habité par l’auguste raison
Revient, et, pour chaque homme, élabore sans cesse
De fleurs prises partout le miel de la sagesse.

« À la nature, au temple, aux plus sages humains,
Ainsi, de ton seul but demande les chemins.