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D’un dieu l’idée en toi ne germe pas en vain,
Car l’espoir est issu d’un souvenir divin.
Crois-en ton propre cœur ; tout ce qu’il cherche existe. »


PSYCHÉ.

« Ta parole, ô vieillard ! est douce à ce cœur triste.
Un dieu dans mon regard a donc gravé ses traits !
Il existe, il est beau ; tous mes rêves sont vrais !
Mais il oublie, hélas ! une épouse mortelle. »


LE VIEILLARD.

« Il t’aime ; il veut te faire à jamais jeune et belle ;
Ta faute vous sépare, et non sa volonté.
Mais tu dois accomplir la loi de la beauté :
Pour enfanter le bien, les dieux l’ont mise au monde,
Et l’amour est celui qui la rendra féconde. »


PSYCHÉ.

« Je t’ai dit mes destins, mêlés de tant de maux,
Et, pour chercher l’époux, mes courses, mes travaux,
Quels chemins à tenter me garde encor la terre ? »


LE VIEILLARD.

« N’a-t-elle plus pour toi nulle part de mystère ?
Ton cœur a-t-il tout vu, tout compris, tout aimé ?
Contre l’illusion est-il assez armé ?

« Scrute encor les grands bois, où, des épaisses voûtes,
La lumière à nos pieds ne pleut qu’à rares gouttes.