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Je ne vois plus fleurir les roses de l’aurore ;
Mais du miel des chansons mon urne est pleine encore,
Et devant tous les Grecs de mes fables épris,
En louant Apollon, je veux gagner le prix. »

— « Viens, les jeux seront beaux ! À ta muse indigente
Plus d’un riche vainqueur d’Argos ou d’Agrigente
Offrira, pour son nom dans tes hymnes chanté,
Avec dix taureaux blancs sa coupe d’or sculpté :
Car le chantre sonore, aimé de Mnémosyne,
Donne seul à l’athlète une gloire divine.
Dis-nous les vieux combats et les récents travaux ;
Tu seras applaudi par d’illustres rivaux,
Phémius de Naxos, Hylas de Sicyone
Doivent des vers entre eux disputer la couronne.
Une femme, on la crut déesse, et parmi nous
Le peuple en l’écoutant l’adorait à genoux,
Tant sa voix de sa forme égale l’harmonie,
Chantera notre dieu sur le luth d’Ionie.
Viens, ô vieillard, franchis le seuil de mes aïeux ;
Le toit se réjouit d’un hôte harmonieux. »

— « Qu’Apollon Pythien qui protège ta ville
T’accorde une vieillesse opulente et tranquille.
Un dieu toujours sourit à l’homme hospitalier ;
Et le chanteur aveugle assis à ton foyer,
Apportant son offrande à tes dieux domestiques,
Fera vivre ton nom dans les récits antiques. » —

Des monts chers à Phœbus les flancs étaient chargés
De tous les peuples grecs près du stade rangés ;
Ceux dont la voix garda, moins sévère et plus tendre,
Le mode ionien que l’amour aime entendre ;