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IV


LE PRÊTRE.



Le temple s’enrichit des présents du naufrage ;
A l’antique déesse ils sont dus sans partage ;
C’est le tribut des mers, du fleuve obéissant.
Mais la déesse est bonne, et ne veut pas ton sang.
Notre autel à sa voix cessa d’être homicide ;
De captifs égorgés il fut jadis avide :
Elle y donne à présent asile à l’inconnu
Que le flot écumant nous jette pâle et nu.
Elle-même, autrefois, chez de barbares hôtes,
Un vaisseau d’Orient l’amena sur ces côtes ;
Elle y bâtit son temple ; à leurs peuples épars,
Sa parole donna les lois, les mœurs, les arts.

« Le fleuve en t’apportant, t’a vouée à son culte.
Viens à l’autel. Ici, nul homme qui t’insulte ;
Nul maître, te courbant aux serviles travaux,
N’a droit de t’imposer l’amphore ou les fuseaux.
Viens. Instruite par nous aux divines cadences,
A former les chansons et le réseau des danses,