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Tourmentera mon sein. Vers l’ile bienheureuse
Je ne porterai pas ta dépouille odieuse :
Mais sur ce sol funeste à qui je la rendrai,
Aux serres des vautours ton corps sera livré. »


LES SAULES.

« Quand tombe au cours de l’onde, une fleur, une feuille
C’est qu’un oiseau les brise ou qu’une main les cueille
Ou que, mûres, le vent les sème dans le jonc :
Nul rameau de son gré ne s’arrache du tronc. »


LES CYGNES.

« Un pêcheur a détruit l’espoir de la couvée :
Les roseaux la cachaient, mais rien ne l’a sauvée
Deux petits emplumés tentaient le vol joyeux,
La flèche du chasseur les a percés tous deux.
Le fleuve a retenti des plaintes maternelles ;
Et pourtant sur l’eau bleue et dans les fleurs nouvelles
Nous vivons, attendant le chasseur incertain,
Dont la flèche pour nous, est l’ordre du destin. »


LES ROSEAUX.

« Les roseaux inclinés, que l’orage tourmente,
Font glisser sur les flots leur voix qui se lamente.
Tu peux comme eux gémir au souffle des douleurs :
Les saules, les roseaux, les cieux, tout a des pleurs.
Mais quand luit le soleil, et que le vent fait trêve,
Que ton front consolé comme nous se relève ! »