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Goûtes-tu sans remords la paix olympienne ?
Cette âme a-t-elle au moins un dieu qui s’en souvienne,
Et tes pleurs de sa coupe adoucissant le fiel,
Mêlent-ils une grâce aux justices du ciel ?
Ah ! c’est toi qui, posant une invisible égide
Entre elle et ses douleurs, la ranime et la guide.
Le lion qui la suit meurt sous tes javelots ;
Du rocher pour sa soif tu fais jaillir les flots ;
Du lieu de son sommeil tu chasses les reptiles,
L’air des marais impurs et les fièvres subtiles.
Par toi l’arbre à ses pieds laisse tomber le fruit,
Et la biche amicale, arrivant à son bruit,
La lèche en lui tendant le bout de sa mamelle,
Dont le faon gracieux s’est écarté pour elle.
Par toi l’étoile d’or, au fond de l’antre noir,
Va porter à Psyché le sourire du soir.
est par toi des jours où, dans sa solitude,
Le désert consolé prend un aspect moins rude.
Par toi vole auprès d’elle, et chante au bord du nid,
L’oiseau mélodieux dont la voix la bénit.
Les essaims bourdonnant lui font un gai cortège,
Et des fleurs ont poussé du sable ou de la neige.
Alors un vent plus calme, un horizon plus clair,
Le salut d’une branche, une senteur dans l’air,
Remuant dans son cœur un souvenir prospère,
La font pleurer pourtant, mais lui disent : Espère !