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Et, n’ayant point failli, laisser agir les dieux.
C’est aux vierges surtout que sied la patience :
Le sort n’exige rien de leur douce impuissance ;
Il suffit que leur cœur soit chaste et soit soumis,
Les pleurs et les soupirs lui demeurent permis,
Pleure, mais sois paisible et sans crainte, ô ma fille !
Je veillerai sur toi, je serai ta famille !
Tu vivras à l’abri de tout nouveau malheur,
Dans ce cercle d’aïeux tendres à ta douleur.


ISMÈNE.

Vieillards ! entendez-vous des cris, un son terrible ?
Il se passe, là-bas, quelque chose d’horrible.
Des pas lourds, des clameurs, des coups stridents et clairs,
D’effroyables soupirs se mêlent dans les airs !


LE CHŒUR.

Hélas ! j’ai reconnu des plaintes, des menaces,
Le bruit du fer sonnant sur l’airain des cuirasses.
C’est l’affreuse rumeur d’un combat meurtrier.


ISMÈNE.

Dieux ! n’est-ce pas trop tard ? Dois-je encor vous prier ?
Voilà qu’un sombre vent, d’une haleine brûlante,
Apporte jusqu’à nous comme une odeur sanglante.


LE CHŒUR.

Que de guerriers, hélas ! tombent en ce moment !


ISMÈNE.

J’entends sa voix. Quel est ce long gémissement !