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Elle attendait de toi, la ville sans rivales,
De libres citoyens, des lois pour tous égales :
Lumineuse Athéné, peupleras-tu ces murs
D’esclaves sans regards et de tyrans obscurs ?


HARMODIUS.

Amis, c’est par nos mains qu’agira la déesse ;
C’est à nous de l’aider à remplir sa promesse.
Nous sommes tous debout, vaillants, armés de fer ;
Pourquoi désespérer aujourd’hui plus qu’hier ?
Chacun de nous savait qu’il y risquait sa tête.
A défaut de victoire, une illustre défaite
Pour changer le destin et contraindre les dieux ;
C’est ainsi que l’ont fait maints guerriers, nos aïeux.
Essayons le combat, notre vertu nous reste :
Aux tyrans plus qu’à nous ce jour sera funeste.


LE CHŒUR.

C’est le plus patient et non le plus hautain,
Celui qui sait plier sous le vent du destin,
Qui refrène le mieux sa colère et son glaive,
C’est lui qu’au jour marqué le sort changeant relève.
Achille est mort ; Ulysse, en de sages retards,
Ulysse a d’Ilion percé les hauts remparts.
Fuyez, ô jeunes gens, on ne pourra vous suivre ;
Pour voir crouler ce joug, il vous suffit de vivre.


ARISTOGITON.

Brisons au moins ce soir le faisceau des tyrans,
Frappons ce règne au cœur par des coups différents.
Hippias, défendu par sa phalange thrace,