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Où faut-il te ranger ? Tu n’oserais, je pense,
T’armer du bouclier et tenir une lance.
Choisiras-tu, parmi les blonds adolescents,
Le panier de gâteaux, ou bien l’urne d’encens ?
Ou, de tes jeunes sœurs ornant la Théorie,
Vierge, y porteras-tu la corbeille fleurie ?
A voir ce frais visage, on demeure incertain.


HARMODIUS.

Moi je connais la place où me veut le destin.
Va ! mes mains porteront ce qu’il convient aux hommes
De porter dans Athène, à cette heure ou nous sommes ;
Et je suis prêt à faire, en citoyen pieux,
Ce qu’ordonnent les lois et ce qui plaît aux dieux.


HIPPARQUE.

J’admire ce tour bref et cette voix hautaine ;
Sparte a fait un disciple, au moins, dans notre Athène !
Sous le masque d’Arès, Éros s’est enfoui :
Innocent appareil dont l’œil est réjoui !
Je pourrais m’en blesser, j’aime mieux en sourire ;
Je vois ici, d’ailleurs, le maître qui t’inspire :
Tu n’es de ton dédain coupable qu’à moitié ;
Car ta haine pour nous vient de son amitié.
Je pardonne à tous deux…

Se tournant vers Aristogiton.

Mais j’invite au silence

Cet homme aux longs discours plus aigus que sa lance.
Qui nous fait sagement, derrière les buissons,
La guerre des bons mots ou des graves leçons ;
Qui se plaint d’exister sous les Pisistratides ;