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ARISTOGITON.

Travaillons en commun, hommes de tous les rangs !
Moi, du parti contraire, en haine des tyrans,
Je tends ma main loyale aux fiers Alcméonides.
Par eux, nous avons Sparte et ses fils intrépides :
Et, tous Grecs, nous vaincrons ces étrangers impurs,
Ces Thraces qu’Hippias entasse dans nos murs.
Est-on prêt ? Les bannis passent-ils la frontière,
Et s’arme-t-on dans Sparte, ou si l’on délibère ?


HARMODIUS.

Lente et sage, et fidèle au plan déterminé,
Sparte attend un signal par nous-mêmes donné,
Et veut au moins, avant de nous prêter main-forte,
Qu’Athènes ait frémi sous le joug qu’elle porte,
Et que des citoyens, fussent-ils peu nombreux.
Dénoncent les tyrans et se lèvent contre eux.
Sais-tu si nos amis, bienvenus dans la ville,
Ont un peu remué cette foule servile ?
Le peuple est-il, au fond, du côté des tyrans ?
Les riches sont-ils tous trembleurs, indifférents ?
Enfin, par nous conquise et par nous présentée,
La liberté, ce soir, serait-elle acceptée ?


ARISTOGITON.

Va ! la foule est toujours du côté du vainqueur ;
Elle accepte son sort de quelques gens de cœur,
Et, par un coup hardi rompant son équilibre,
Comme on la fait esclave on peut la faire libre.