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Leur vaillant Cléomène et nos Alcméonides.
Si, ce soir, dans Athène on ose un coup de main,
Nos proscrits en vainqueurs y rentreront demain.


ARISTOGITON.

Qu’ils viennent vaillamment y reprendre leur place.
Mais soumis à nos lois et sans orgueil de race,
Sans imposer Lycurgue à nos Athéniens,
Sans donner trop d’empire aux riches citoyens.
Sparte a ses rudes mœurs que l’Attique repousse :
Nos droits sont plus égaux, notre humeur est plus douce,
Le sang le plus obscur nous reste précieux,
Et l’esclave lui-même est un homme à nos yeux.


HARMODIUS.

Sans admettre en sa loi des rigueurs qu’elle écarte,
Athènes gagnerait aux exemples de Sparte,
Peut-être ! et, parmi nous, l’État, moins agité,
Verrait plus longuement fleurir la liberté,
Si des grands, des vieillards, l’expérience habile
Pouvait mieux prévaloir sur ce peuple mobile.
Je te sais favorable à ses prétentions ;
Soyons justes pour lui sans trop d’illusions…
Mais achevons, ami, notre œuvre commencée ;
Nous avons tous les deux une même pensée :
Voir les Athéniens tous libres à la fois,
Rétablir de Solon les lois, les saintes lois,
Renverser Hippias et sa race funeste…
Soyons libres d’abord ! les dieux feront le reste.