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Écartant de nos cœurs le généreux ennui
Qui fait pour nous un deuil des pompes d’aujourd’hui.


LE CHŒUR.

Noble Aristogiton, quelles douleurs secrètes
Assombrissent pour toi la beauté de ces fêtes ?


ARISTOGITON.

Comme vous, ô vieillards ! puis-je oublier, hélas !
Tant de bons citoyens qui ne les verront pas ;
Qui languissent proscrits dans les cités lointaines
lit qu’un injuste exil prive des lois d’Athènes !


LE CHŒUR.

Ô douleur du proscrit ! Ô la lourde prison
Qu’il traîne d’une ville à l’autre !
Et comme on manque d’air dans l’immense horizon,
Sous un ciel qui n’est pas le nôtre !

En vain l’hôte a versé de ses vins les plus vieux,
Le seuil est en fleurs quand on rentre ;
On se prend à rugir dans ce cercle joyeux,
Comme un lion seul dans son antre.

Ô vallons du Céphise ! ô lumineux sommets
Où trône Pallas en sa gloire !
Ô sacré Sunium, ne plus s’asseoir jamais
Sous les pins de ton promontoire !