Page:Laprade - Œuvres poétiques, Psyché, Lemerre.djvu/30

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Oh ! dites-moi son nom, parlez-moi de mon maître !
Plus heureux que Psyché, vous l’avez vu peut-être ?
Comme il charme le cœur, il doit charmer les yeux,
Et sans doute il est bon, puisqu’il vous rend heureux. »


LES OISEAUX.

« S’il croît comme un grand chêne ou coule comme une onde,
S’il descend comme l’air et le jour sur le monde,
S’il habite le sein des grottes et des fleurs,
S’il revêt comme nous la plume aux cent couleurs,
S’il a tes cheveux d’or, ton front blanc et superbe,
Sur deux pieds gracieux s’il effleure ainsi l’herbe,
Ce n’est pas des oiseaux que tu peux le savoir ;
Car nous l’avons aimé sans chercher à le voir.
Mais nous reconnaissons à des signes fidèles,
A l’air plus frémissant qui fait battre nos ailes,
A notre chant plus pur, à nos baisers plus doux,
Qu’un céleste pouvoir s’est approché de nous. »


LES PLANTES.

« Des habitants divers qui vivent à son ombre,
Des oiseaux et des fleurs chaque arbre sait le nombre ;
Il sait d’où vient le flot qui passe auprès de lui,
D’où le vent a soufflé, d’où le soleil a lui.
Pour un vieux chêne, il est peu de choses cachées ;
Nous avons vu beaucoup, quoique au sol attachées.
Mais les plantes des monts, ni les plantes des eaux,
Le cèdre ni le thym, pas plus que les roseaux,
N’ont de celui qui t’aime aperçu le visage ;
Chaque feuille pourtant tressaille à son passage. »