À ceux donc qui sont morts, soldats ou capitaines,
Pour un bonheur promis à des races lointaines,
Ce calice doit rendre un hommage éternel ;
Qu’il fasse, amis, le tour de la cité des hommes,
Et qu’enchaînés de cœur, comme ici nous le sommes,
Tous boivent à la ronde un nectar fraternel !
IX
AU PRINTEMPS
Sors de ta ruche obscure et vole, ô jeune essaim !
Doux rêves que l’hiver enchaînait dans mon sein,
Allez, chantez sur l’aubépine !
Le soleil vous invite, ô mes oiseaux chéris ;
L’herbe est verte aux sillons, et les pêchers fleuris
Teignent de rose la colline.
Pour me les dire après, écoutez tous les sons ;
Volez du thym au myrte, et du chêne aux buissons ;
Effleurez de vos pieds l’eau vive.
La fumée a terni votre aile aux cent couleurs ;
Baignez-vous dans l’air plein d’ineffables senteurs :
L’âme s’y lave et s’y ravive !
Dansez sur les rameaux jaillissants ou ployés ;
Buvez-y la rosée et la sève. Voyez