Page:Laprade - Œuvres poétiques, Psyché, Lemerre.djvu/28

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Hier, un chant planait déjà sur ces roseaux ;
La pourpre et l’or paraient les plumes des oiseaux ;
Et cependant la nuit, sans m’en dire la cause,
Semble avoir à ce monde ajouté quelque chose.
J’ai vu ces gais bouvreuils, cet aigle au regard fier ;
Tout m’est nouveau pourtant, tout m’est plus beau qu’hier
Plus qu’hier la nature et me charme et m’invite ;
Et comme dans mon cœur la sève y court plus vite ! »


CHŒUR INVISIBLE.

« C’est que le roi nous a visités cette nuit,
L’époux mystérieux vers ta couche conduit !
C’est qu’il a, pour te voir, traversé son empire,
Et répandu sur nous l’éclat de son sourire :
Et chaque fois qu’il vient, puissant avec bonté,
Il sème à pleines mains la vie et la beauté. »


LES OISEAUX.

« Il est des jours où l’air supporte mieux nos ailes ;
Un mouvement plus doux berce les rameaux frêles ;
Les grains au bord des champs s’épanchent par milliers,
Et les fruits sont plus mûrs aux arbres familiers.
Nos appels amoureux de plus loin se répondent ;
Près des nids à bâtir mousse et duvets abondent.
Les brebis ont laissé plus de laine aux buissons ;
Les chênes sont peuplés de joyeuses chansons.
Au roi qui fait pleuvoir tant de biens sur ses traces,
A l’amant de Psyché, les oiseaux rendent grâces. »


LES PLANTES.

« Il est aussi pour nous des jours où tout fleurit
Au souffle calme et chaud d’un invisible esprit ;