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La colline la plus verte,
Si l’onde n’est son miroir,
Est comme une âme déserte,
À qui jamais n’est ouverte
Une autre âme pour s’y voir.

Otez les flots à la terre,
La terre sera sans yeux,
Et jamais sa face austère,
Pleine d’ombre et de mystère,
Ne réfléchira les cieux.

Dans ton cœur si quelque chose
Bat des ailes pour voler,
Désir ou douleur sans cause,
Musique ou parfum de rose
Qui demande à s’exhaler ;

Si tu nourris d’une flamme
Le souvenir ou l’espoir,
Si l’image d’une femme
Pleure ou sourit dans ton âme,
Près d’un lac il faut t’asseoir.

Écoute, si le flot chante ;
Si l’eau dort, regarde au fond ;
Miroir où l’azur t’enchante,
Écho d’une voix touchante,
Toujours l’onde te répond.

Les plaines ont l’alouette,
La montagne a l’aigle roi,