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Vois ! chaque goutte d’eau, que la terre la boive,
Que le vent sur son aile en vapeurs la reçoive,
Retourne à l’Océan, et s’y mêle à son jour !…
Ainsi chaque soupir, chaque extase cachée,
Chaque larme pieuse au coin de l’œil séchée,
Vont enrichir au ciel les sources de l’amour.


VII

DANS LES ROSEAUX



Si je brise un jour mes chaînes,
Je veux m’enfuir vers les eaux ;
Mieux que les nids sur les chênes,
Mieux que les aires hautaines,
J’aime un nid dans les roseaux.

J’aime une terre mouillée
Par un lac profond et clair ;
Pour tenir l’âme éveillée,
Il faut que, sous la feuillée,
Les eaux chantent avec l’air.

S’il n’a point de rive humide,
Je fuis un site admiré,
Comme un front pur et sans ride,
Mais dont l’œil serait aride
Et n’aurait jamais pleuré.