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Et de quels sucs choisis vos sèves sont formées,
Vos rêves printaniers, vos plaisirs, et les lois
De vos amours lointains déterminant le choix,
Et votre langue habile aux tendres mélodies,
Et toutes vos vertus longtemps approfondies.
Elle comprit pourquoi, montant ou s’abaissant,
Et par des nœuds secrets attachés au croissant,
Dans vos soyeux tissus les arômes qui glissent
À la reine des nuits de si loin obéissent.
À vous initié, j’appris d’elle à savoir
Des simples sur nos corps le magique pouvoir,
À quelle heure, en quel lieu, toute plante sacrée
Doit être recueillie, et comment préparée,
Et quel mot prononcé sur vos philtres puissants
Verse un charme infaillible aux membres languissants.
Elle enseignait aussi que, pour les maux de l’âme,
Toutes les fleurs des bois renferment un dictame ;
Et quels sont leurs conseils, et quels signes certains
Dans les fleurs à l’amour prédisent ses destins ;
Quelle ombre rafraîchit l’espoir et le relève ;
Quelle orne le sommeil des prestiges du rêve ;
Et comment des forêts les émanations
Dans les cœurs orageux calment les passions.

La vierge m’instruisait dans son silence même.
Quand la création me posait un problème,
Souvent le mot auguste, à tout esprit voilé,
À l’aspect d’Hermia s’est pour moi révélé :
Car ta vie, ô nature ! a les lois de la nôtre,
Et l’homme et l’univers s’expliquent l’un par l’autre.

Des globes confiants qui montent dans les cieux
Elle avait les clartés et l’amour dans ses yeux,