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Et sillonnent mes flancs de leurs fers orgueilleux.
Mais ils n’ont pas encore avec leur main rebelle
Ébranlé les créneaux de l’antique Cybèle ;
Mon vieux front de ses tours n’est pas découronné,
Et du Sphinx des déserts l’Œdipe n’est pas né !
De plans audacieux soyez toujours prodigues ;
Multipliez vos chars, vos vaisseaux et vos digues ;
Comme fait un coursier la poudre de ses crins,
Je puis tout disperser en secouant mes reins.


V

CONTRE LE REPOS



Va ! marche au but suprême où marche toute chose :
Vois, d’un souffle divin l’espace est tourmenté ;
Quel globe est endormi ? Quel astre se repose ?
Toi seul tu prétendrais à l’immobilité !

Attends-tu là, couché, que le désert t’apporte
Ses fontaines d’eau vive où tu veux t’étancher ;
Et, venu pour toi seul, que Dieu frappe à ta porte,
Sans que tu daignes faire un pas pour le chercher ?

Ses bras te sont tendus ; va toi-même, et réclame
La part qui te revient d’air pur et de soleil ;
Et s’il pleut quelque part de la manne pour l’âme,
Sache, pour la cueillir, t’arracher au sommeil.