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II

LA CHANSON DE L’ALOUETTE




Je suis, je suis le cri de joie
Qui sort des prés à leur réveil ;
Et c’est moi que la terre envoie
Offrir le salut au soleil.

Je pars des chaumes blancs de brume,
À mes pieds flotte un fil d’argent,
La rosée emperle ma plume,
Et je la sème en voltigeant.

Je plane et chante la première
Dans l’azur frais où l’aube éclot ;
Je me baigne dans la lumière,
Et vais me mirer dans un flot.

Ma voix est sans note plaintive,
Je ne dis rien au triste soir ;
Je suis la chanson folle et vive
De la jeunesse et de l’espoir.

Je dis au malade qui veille :
Bénis Dieu, la nuit va finir !