Page:Laprade - Œuvres poétiques, Psyché, Lemerre.djvu/186

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.



STROPHE III.


C’est ainsi qu’ils voguaient à la voix du poète,
Les sublimes ambitieux,
Ces hommes qui rêvaient pour dernière conquête,
D’entrer tout armés dans les cieux.
La lyre conjurait les périls du voyage,
Et les ennuis et les lenteurs,
Le calme, plus funeste, et plus craint que l’orage
Par ces hardis navigateurs.
En vain la nuit les trompe, et le vent les retarde ;
Le vaisseau changeant d’horizon,
Aux monstres indomptés qui l’avaient sous leur garde
Reprend la divine toison.


ANTISTROPHE III.


Vous n’êtes pas au bout des épreuves fatales,
Pilotes, jouets du destin !
Vous n’avez pas encor dans vos cités natales
Mis à l’abri votre butin.
Le retour n’est pas sur ; les mers les plus sereines
Cachent des écueils aux vainqueurs :
C’est l’île de Circé, c’est l’antre des Syrènes ;
Leur chanson va tenter vos cœurs !
Déjà vous leur cédez… mais la lyre d’Orphée
Parle dans sa prudente main ;
Des lâches déités la voix est étouffée,
Le vaisseau poursuit son chemin.