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avec Dieu, dont il reçoit une révélation obscure encore et incomplète par la voix de tous les êtres. — Dialogue de Psyché avec les créatures toutes amies et pacifiques ; elle les interroge sur l’époux invisible. — L’attrait de l’inconnu, le besoin de l’infini, naturels au cœur de l’homme, commencent à agiter l’épouse d’Éros au milieu des douceurs de son union mystérieuse.


III. En vain le nocturne amant revient consoler Psyché ; l’inquiétude de l’esprit et du cœur augmente. — Le désir de connaître l’idéal invisible, de posséder l’infini trouble les délices du chaste hymen. — En vain toute la nature invite l’âme à la soumission, à la confiance ; l’implacable besoin de savoir et de sentir, une curiosité mêlée de concupiscence et d’orgueil l’emportent dans le cœur de Psyché sur la tendresse et sur la crainte. — Elle transgresse l’ordre de son époux et les lois du destin ; la lampe fatale est allumée. — Psyché reconnaît, dans le Dieu qui la visite chaque nuit, l’Amour, le plus beau, le plus puissant des dieux. — Touché par une goutte d’huile brûlante, Éros se réveille et prononce l’arrêt qui bannit Psyché et termine l’âge d’or. — Ainsi s’est consommée la première faute à laquelle se rattache l’origine de tout mal ; Eve a mangé le fruit défendu ; la boîte de Pandore est ouverte ; la douleur est entrée dans le monde. — Mais en proclamant la déchéance, le dieu fait entrevoir un présage de réhabilitation. En annonçant à Psyché les épreuves de l’exil, Éros laisse tomber une larme, et, avec cette larme, la promesse de la rédemption.