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Tarisse ta mamelle et ton flanc dévasté,
O Terre, c’en est fait de ta divinité !


UN ADOLESCENT.

Dans le champ paternel que l’Ilissus arrose,
Lorsque je vis Myrtho cueillant le laurier-rose,
L’amour ne chantait pas encore dans son cœur ;
Elle me désolait avec son air moqueur ;
Près d’elle sans rougir m’attirait sur les gerbes.
Quand elle avait couru tout le soir dans les herbes
Et trouvé quelque nid, rien ne lui manquait plus ;
Elle avait cependant ses quinze ans révolus,
Et, sans qu’une étincelle allât jusqu’à son âme,
L’enfant, elle jouait sous mes regards de flamme !
J’immolai deux chevreaux dans le temple d’Éros,
Et le dieu réveilla ce marbre de Paros.
Myrtho m’avait quitté pour le Thébain Ëvandre ;
Ni larmes ni présents n’obtenaient un mot tendre ;
Ses yeux, muets pour moi, parlaient à l’étranger ;
Quel caprice ou quel philtre avait pu la changer ?
Et moi, de son erreur pour la guérir plus vite,
J’apporte une colombe à l’autel d’Aphrodite,
Et le soir Myrtho vient s’offrir à mes baisers
En tremblant à son tour de les voir refusés.

Si l’arc d’Éros se brise, et si tu meurs, déesse,
Si tu ne prêtes plus aux femmes de la Grèce
Ta magique ceinture et lui son carquois d’or,
Quel charme le printemps nous garde-t-il encor ?
Quel dieu fera chanter les nids sous les charmilles
Et mettra le désir au cœur des jeunes filles,