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Mer immatérielle aux flots mélodieux,
Où plonge en s’abreuvant l’heureux peuple des dieux !
Sur leurs longs cheveux d’or d’où ton onde ruisselle
Quand l’àme voit de loin jaillir une étincelle,
Comme un cygne attiré par le reflet des eaux,
En rêve ayant déjà son nid dans tes roseaux,
Elle part ; et, volant vers ces sources si belles,
Donne pour y monter tout l’essor à ses ailes :
Car c’est là qu’elle trouve un breuvage, un lit pur,
Là qu’elle lave, enfin, sa blancheur dans l’azur,
Livre sa jeune plume à la brise bénie,
Et mêle au chant des flots sa goutte d’harmonie !


L’HIÉROPHANTE

Il est, sur un sommet dans les airs suspendu,
Parmi les fleurs d’un sol à vos pas défendu,
Il est une fontaine où l’aigle seul vient boire,
L’eau de science y coule en un bassin d’ivoire ;
Quand l’homme y veut gravir appuyé sur l’orgueil,
Le vertige, veillant à la garde du seuil,
Du suprême échelon et du faite qu’il touche
Le fait rouler au fond d’un souffle de sa bouche.


LE CHŒUR.

Sur le front de l’Atlas nous avons mis nos pieds ;
Leur vol n’y porte pas les aigles effrayés.
Sur les glaciers béants qui nous tendaient leurs pièges,
Nous avons sans ivresse aspiré l’air des neiges ;
Le fluide subtil qui flotte en haut des monts
N’a pu troubler nos yeux, ni brûler nos poumons ;