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Si l’homme est assez fort pour t’attirer un peu
Hors du sein maternel où tu respires Dieu,
Poète, c’en est fait, tu n’auras plus d’haleine,
Et l’Hercule au front bas t’étouffera sans peine ;
Comme un enfant romprait ta flûte de roseaux,
Sur son genoux de pierre il brisera tes os.

Donc, reste, pour livrer ces batailles si rudes,
Plongé dans la nature, ô fils des solitudes !
Suis ses divins conseils, qu’ici nous oublions ;
Va dans l’aire de l’aigle et l’antre des lions,
Dans les grottes des sphinx qui pour l’homme sont closes,
Te nourrir, ô géant, de la moelle des choses !


II

LES CORYBANTES

ODE

STROPHE


Emportez le fils de Cybèle
Sur l’Ida, dans un antre vert ;
Cachez sa royauté nouvelle
Dans le sein fécond du désert !
Dépouillez vite, ô Corybantes,
La pourpre des robes tombantes,