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LIVRE PREMIER







ANTÉE



Premier-né de la terre, hôte des bois antiques,
Où l’aigle parle avec les chênes prophétiques ;
Toi qu’entre ses lions et ses sphinx aux grands yeux
Cybèle a de son lait nourri sur les hauts lieux,
Ô poète ! ô géant à l’étroit dans les villes,
Coursier impatient des entraves civiles,
Contre l’homme et ses dieux ta vie est un combat,
Et l’Hercule vulgaire est fier quand il t’abat ;
Car de son corps stupide, animé par la rage,
Souvent la pesanteur prévaut sur ton courage.
Et toi, par la douleur et la honte affaibli,
Tu roules sous ses pieds, dans l’herbe enseveli,