Page:Laprade - Œuvres poétiques, Psyché, Lemerre.djvu/145

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Pour l’éternel palais de l’Être universel,
n’est plus qu’un seul monde, et ce monde est le Ciel.

Dans l’Olympe nouveau que toute vie habite !
Vers votre enfant, Ëros, l’heureux peuple gravite.
Règne, ô fille d’amour ! sur le chaos dompté ;
Règne dans l’harmonie, ô sainte Volupté !

Et toi meurs, ô Douleur ! vieille reine des hommes !
Leur terre est arrivée avec eux où nous sommes :
Tout vit là d’où jamais tu ne pus approcher :
Quel asile te reste, ô Mal ! pour t’y cacher ?
Meurs ! Psyché brave ici ta poursuite fatale ;
Le dieu qui la rend mère en a fait son égale.
Meurs ! La Volupté nait de leur hymen puissant.
Tu ne fus rien, ô Mal ! que l’idéal absent,
Et caché par l’époux aux âmes qu’il éprouve ;
Tu n’es rien, maintenant que Psyché le retrouve,
Rien près de cette couche, aux transports infinis,
Où l’éternel baiser les garde réunis.
Meurs donc ! Mais, ô Douleur ! simple absence de l’être,
Tu n’as pas à mourir, ô Mal ! pour disparaître.
Qu’es-tu ? vide et néant, ombre sans fixité
Des choses que le jour frappait d’un seul côté.
Meurs ! Tout baigne aujourd’hui dans la clarté suprême,
Et l’être abonde ici, c’est un monde où l’on aime ;
Monde en qui tout afflue et qui contient tous lieux.
Expire donc, ô Mal ! il n’est plus que des dieux !