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Prenez-vous par la main, formez la danse unique,
Chantez à l’unisson l’éternelle musique.
Dans l’Olympe natal revenez tous, ô Dieux !
Comme y revient Psyché. Flots épars en tous lieux
Où l’exilée a bu, revenez à la source.
Oiseaux, rentrez au nid. Rayons qui de sa course
Éclairiez les détours, ô peuple universel !
Rentrez dans l’unité de l’astre paternel.

Et vous, voiles, tombez ; songes, vapeurs, chimères,
Pales ombres de l’être, ô formes éphémères !
Ô voiles de l’époux, l’âme a su vous percer.
Sur son sein qu’à loisir elle peut embrasser,
Elle voit désormais l’éternelle substance,
Et l’amour la nourrit sans fin de son essence ;
Elle touche au réel. Apparences, tombez !

À toi vont tous les flots, en un flot absorbés,
Ô vaste Olympe ! étends tes plaines sans limite,
Puisque l’amour brisa ta barrière interdite.
Tout un peuple t’arrive ; oh ! pour le recevoir,
Grandis, sois infini comme était son espoir !
Ouvre à tous les vivants ta voûte heureuse et sainte ;
Rien ne doit exister par delà ton enceinte.

Vous, mondes ; vous, soleil ; toi, globe des humains,
Germes errants dans l’air sans trouver vos chemins,
Âmes des feux éteints, fleurs sèches, races mortes,
Venez à flots pressés, l’Olympe ouvre ses portes ;
Habitez en un seul réunis pour toujours ;
Il n’est plus aujourd’hui deux peuples, deux séjours :

Ici joie et clarté ; là souffrance et mystère,
Dans l’azur un Olympe et dans l’ombre une terre.