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À l’épouse apportant des voluptés certaines,
Et la fin de l’espoir la plus douce des peines.

Au-dessus des cités, des golfes, des déserts,
La flamme de son aile a sillonné les airs.
Telle, au souffle d’Eurus, de pourpre et d’or chargée,
Des monts orientaux jusqu’à la mer Egée,
La nue au sein fécond vole et rougit les flots
À la fois de Samos, d’Icare et de Délos,
Et va, dans la même heure, ouvrir ses flots humides
Et baigner les fruits d’or au fond des Hespérides.

Tel, et plus promptement, vers le cœur plein d’ennui,
Vers l’amante éplorée et qui se meurt pour lui,
Descend le jeune Éros. Sur la terre émaillée,
Psyché gisait encor sans s’être réveillée,
Et l’aube au-dessus d’elle ouvrant ses yeux en pleurs
Mouillait son corps de marbre en abreuvant les fleurs.

Sur ses deux bras plies l’époux divin l’enlève ;
Elle dormait toujours de son sommeil sans rêve ;
Et l’Amour, la gardant pour un réveil plus beau,
Non sans mille baisers, porte ce doux fardeau,
Par la route éthérée aux hommes interdite,
Jusqu’au sommet d’Olympe où l’idéal habite.

D’ineffables accords, quand ils passent le seuil,
Des sourires sacrés partout leur font accueil ;
Un cortège les suit où la lyre résonne.
Déposant l’âme aux pieds de celui qui pardonne,
Éros prie, attendant le regard paternel,
Le dieu qui fit les cœurs pour en peupler le ciel.