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« Ouvrons, ouvrons l’Olympe à la belle mortelle,
Et que le lit d’hymen s’y prépare pour elle ;
Qu’Eros par ses baisers de l’exil soit guéri ;
Quand cet hôte est chagrin le ciel est assombri.

« Quel Dieu ne s’est troublé pour une vierge humaine
Qu’il vit porter l’amphore au bord de la fontaine,
Ou qu’il surprit sans voile à travers les roseaux,
Quand d’un pied rougissant elle effleurait les eaux,
Ou quand d’une voix fraîche en ses vives cadences,
Sur les gazons en fleur elle réglait les danses !
Qui n’a sous les lauriers, et sous les grands épis,
Eveillé d’un baiser deux beaux yeux assoupis,
Et dormi dans la grotte, aux voluptés ouverte,
Entre deux bras d’albâtre et sur la mousse verte ?

« Retenu loin du ciel par d’amoureux liens,
Quel dieu n’a pas connu les champs helléniens,
Et n’a vu ni Tempé, ni la Crète aux cent villes,
Ni l’Arcadie aux bois odorants et tranquilles,
Ni le frais Cithéron, ni l’Égypte aux grands blés,
Ni les flancs du Taygète en cadence foulés ?

« Que de fois, s’égarant aux terrestres montagnes,
Des dieux olympiens les volages compagnes
Ont poursuivi d’amour les pasteurs les plus beaux,
Sous le hêtre chantant au milieu des troupeaux !

« Que de fois un chasseur, au bord de l’Ërymanthe,
Implora sous l’ombrage une céleste amante,
Foulant ses javelots et son arc oubliés !
Les chiens trouvaient en vain le pas des sangliers ;