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Sur trois modes divers régis par les trois Grâces.
Un chœur de dieux bondit et chante sur leurs traces ;
D’autres lancent au loin ou le disque ou les traits ;
D’autres, dans les détours des ombrages secrets,
De leur amour fécond enivrent les déesses ;
Et tout, les jeux, les chants, les danses, les caresses,
Observant des accords les souriantes lois,
De mille bruits réglés ne forme qu’une voix.
Parfois jusqu’aux humains la musique suprême
Arrive en se voilant à travers quelque emblème,
Pour rendre aux cœurs dans l’ombre ici-bas engloutis
L’espoir des lieux sacrés dont nous sommes sortis.

Après les jeux finis, et la lutte et la course,
Et les bains odorants pris à leur tiède source,
La splendeur du banquet rappelle au loin les dieux
Dans les palais d’airain aux frontons radieux,
Où, gravant le récit des saintes origines,
Vulcain sculpta dans l’or les histoires divines,
Et les lois de l’augure et l’antique Destin
Oui règne sur l’Olympe invisible et certain.

À sa place choisie et qui jamais ne change
Aux pieds du souverain, là chaque dieu se range
Dans un cercle, et s’étend sur l’ivoire des lits
Que la pourpre ondoyante inonde de ses plis.
Des dieux la soif est grande ; il faut, pour y suffire,
Qu’un breuvage immortel des cuves de porphyre
Jaillisse par torrents dans le vase d’Hébé.
Chacun dans le nectar de cette urne tombé
Boit aux coupes d’onyx l’éternelle jeunesse.
Quand la soif est calmée, avant qu’elle renaisse,