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Il est dans l’avenir des régions meilleures
Où l’amour à Psyché prépare des demeures ;
Pour m’attirer à lui ce dieu me tend la main.
Un asile de paix attend le genre humain.

Oui, malgré nos douleurs, nos ténèbres, nos crimes,
Malgré la pesanteur des passions infimes,
Et les temples détruits, et le mal triomphant,
Et l’ironie allant du vieillard à l’enfant,
Et la haine qui gronde au fond de nos poitrines,
Et le monde ébranlé par le vent des doctrines,
Et le Sphinx maître encor du secret redouté,
Du mot de l’univers, je n’ai jamais douté !

Les âmes et les eaux prennent diverses routes,
Mais au même océan elles arrivent toutes ;
Leur cours est lent parfois, mais il ne s’en perd rien ;
En traversant le mal, nous marchons vers le bien.
Le bien de toute chose est la source et le terme.
Chaque homme du bonheur en soi porte le germe.
Oui, l’éternel principe à qui tout fait retour,
La cause de la vie et sa fin, c’est l’amour !

Repose-toi, Psyché ! Le dieu que tu supplies
A compté le trésor des œuvres accomplies ;
C’est à lui de descendre et de te consoler.
Le désir t’a conduit jusqu’où tu peux voler.

Nul du monde où tu vas ne peut franchir la porte
Sans qu’une main d’en haut le saisisse et l’emporte ;
Goûte enfin le repos ! Laisse, oubliant l’effort,
Ton âme s’incliner sur les bras de la mort.