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PERNETTE.


Savait bien où porter et l’aide et le conseil,
Et, contre l’ardeur vaine ou l’effroi des batailles,
Il venait raffermir ses plus chères ouailles.

Là-bas tout allait bien : habilement surpris,
Les étrangers cédaient le bourg à nos conscrits,
Laissant plus d’un cadavre étendu sur la route.
Je ne sais quel fantôme achevait leur déroute ;
Ils doutaient de leur force, eux, vaincus tant de fois,
Ils tremblaient de marcher sur le vieux sol gaulois.

Le château regorgeait de captifs pris au piège.
Sur la place du bourg, rentrés à grand cortège,
Les vainqueurs, les proscrits, doublement délivrés,
Des parents, des voisins s’avançaient entourés.
Dans le bruyant orgueil d’un triomphe rustique,
La foule grossissait devant l’église antique.
L’aurore flamboyait sur le clocher vermeil ;
Et, sur sa croix de fer, doré par le soleil,
L’oiseau sacré, le coq joyeux de cette gloire,
Semblait battre de l’aile et chanter la victoire.
La jeunesse acclamait son chef aux longs cheveux.
C’étaient de toutes parts des cris, des chants, des vœux :
« Pierre avait tout conduit, aussi vaillant que sage !
Pierre est le capitaine et le roi du village ! »
Et, comme en souvenir du sacre d’autrefois,
Tous les bras enlacés lui faisaient un pavois.

Or, quand il descendit de ce trône éphémère,
C’était sur le sol même où le toit de sa mère,
Où les murs des aïeux rasés par l’empereur
De l’homme impitoyable attestaient la fureur.