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LA VIEILLE MAISON.

Tout était vieux, simple et commode
Et tous les dons venaient du cœur.

Dans un jardin de quelques mètres
Des rieurs, un arbre, un filet d’eau…
Et vous étiez les joyeux maîtres
Du cerisier et du ruisseau.

Tandis que vous jetiez la ligne
À des poissons toujours absents,
Un canard blanc, que dis-je, un cygne
Coulait vos vaisseaux menaçants.

Moi, plus que vous enfant, peut-être,
Le cœur et les yeux grands ouverts,
Je vous suivais de ma fenêtre
Tout en griffonnant quelques vers.

Pour aimer ces vieux murs que j’aime,
Songez à vos premiers ébats,
À la bonté, toujours la même,
Qui nous rappelait tous là-bas.

Vous serez fidèles, j’espère,
Aux souvenirs que je défends :
Amis, comme votre vieux père
Restez toujours, restez enfants.

Hélas, après des funérailles,
Voilà que des indifférents
Vont remplacer dans ces murailles
La dernière des grands parents.