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LE LIVRE D’UN PÈRE.


Si la sève, oisive et sans force,
Dormait sans aider au soleil,
Comment, sur cette noire écorce,
Apparaîtrait un fruit vermeil !

Voyez cet oiseau qui voltige
Vers ces brebis, sur ces buissons…
N’a-t-il rien qu’un joyeux vertige ?
Ne songe-t-il qu’à ses chansons ?

Il songe aux petits qui vont naître
Et leur prépare un nid bien doux ;
Il travaille, il souffre peut-être,
Comme un père l’a fait pour vous.

Ce bon cheval qui vous ramène
Sur les sentiers grimpants des bois,
Croyez-vous qu’il n’ait point de peine
À vous porter quatre à la fois ?

Et pourtant c’est comme une fête
Lorsqu’il vous sent tous sur son dos ;
Les autres jours, la pauvre bête
Traîne de bien plus lourds fardeaux.

Entendez crier la charrue
Tout près de vous, là, dans ce champ ;
Voici l’attelage qui sue
Et qui fume au soleil couchant.

Ils y vont de toutes leurs forces,
Et de la tête et du poitrail,