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LE LIVRE D’UN PÈRE.







XL

NOS MORTS NOUS AIDENT




L’homme n’est jamais seul dans sa peine ou sa joie :
Des témoins, des amis, sont là, sans qu’il les voie ;
Un regard attentif nous observe en tout lieu :
Le regard de nos morts après celui de Dieu.
Vivons avec nos morts, et prenons-les pour juges ;
Ayons-les chaque soir pour conseils, pour refuges ;
Sachons que nos combats sont livrés sous leurs yeux,
Qu’un secours éternel nous vient de nos aïeux,
Et qu’à travers les temps chaque effort méritoire
Établit d’eux à nous un partage de gloire.
Non, la mort ne rompt pas pour le père et l’enfant
Le commerce du faible avec le triomphant ;
Ils peuvent s’entr’aider vaillamment l’un et l’autre,
Et les mondes meilleurs touchent encore au nôtre.