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LES VACHES.

À peine, d’un son bref, la clochette à leurs cous.
Depuis que j’y prends garde, a tinté quelques coups ;
Tant le repos est fort des vaches maternelles,
Tandis que nous puisons à leurs saintes mamelles !
Mais le soleil s’abaisse ; un reflet incertain
Dore et rougit leur peau de bronze florentin.
Je les vois dans la pourpre et le calme des reines :
Ce calme, au loin s’étend sur les cimes sereines ;
Et l’auguste nature, en paix de tout côté,
Travaille avec douceur à sa fécondité.

Alors, devant mon Dieu je m’incline et j’adore ;
Cette paix s’insinue en moi par chaque pore,
Et mon cœur, aspirant ce souffle des déserts,
Palpite à l’unisson du tranquille univers.
Rien n’en trahit l’ardeur et la secrète flamme,
Et le même travail s’accomplit dans mon âme,
Qui, des sucs de la terre et des rayons du ciel,
Dans la vache et la fleur fait le lait et le miel,
Je bois à ces torrents de vie universelle,
Et sous les doigts de Dieu mon poème ruisselle.


II


Sublimes réservoirs de toute pureté,
Sommets par où le ciel communique à la terre,
Où la fraîcheur survit aux flammes de l’été,
Où dans toutes ses soifs l’homme se désaltère !