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EN PROVENCE.


Je vois briller de ma fenêtre
Des nuits plus belles que des jours,
On a cru que j’allais renaître…
Et pourtant, je souffre toujours !

La douce maison que j’habite,
Sous l’abri de ses murs épais,
Me sourit, m’enchaîne et m’invite
À m’épanouir dans sa paix.

Aux propos de la cheminée,
Esprit et cœur sont de moitié ;
Elle est joyeuse, elle est ornée
Et chaude comme l’amitié.

À petits pas nous allons prendre
Nos bains d’air pur et de soleil,
Et de bonne heure un adieu tendre
Souhaite à chacun le sommeil.

L’ᴀᴠᴇ du soir tinte et s’élance,
Volant des clochers aux sommets ;
Puis, tout rentre dans le silence…
Et pourtant je ne dors jamais !

Si l’amitié, si la nature
Avaient un remède à m’offrir,
S’il est un baume à ma blessure,
C’est là que je devais guérir.

Mais, puisque je vais, pâle et triste,
Au mal rongeur toujours soumis,