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LE LIVRE D’UN PÈRE.

Vos aïeules se sont posées
Sur la bouche d’or de Platon.

Nous n’avons pas ces nuits sereines
Et ces grands noms mélodieux,
Ces mers où chantent les sirènes
Et ces lèvres des demi-dieux ;

Pourtant sur notre humble montagne
On peut, de fleurs et de chansons,
Quand l’essor printanier vous gagne,
Cueillir aussi d’amples moissons.

Ce miel de la ruche sans maître,
Trésor du pâtre et du chasseur,
Aura moins de parfums peut-être,
Mais plus de force et de douceur.

Volez donc, chastes ouvrières,
Vierges qui travaillez si bien ;
Autant nous vaudront ces bruyères
Qu’un laurier-rose athénien.


IV


Vous, enfants, partez avec elles,
Et, sans oublier votre nid,
Maintenant qu’ont poussé vos ailes,
Allez à travers l’infini.