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LE LIVRE D’UN PÈRE.

Des fluides sacrés dont les forêts sont ivres,
Des atomes ardents qui gonflent notre chair.

Il s’anime au contact des choses animées,
Au galop des coursiers, à l’odeur des prés verts,
En passant de l’école aux campagnes aimées,
Et de ces chiffres morts au vivant univers.

Tout savoir n’est pas fait de calculs et d’étude ;
La vie excelle, enfants, à nous le dispenser.
Il est bon de gravir par quelque sentier rude,
De sentir et de voir autant que de penser.

Allons prendre conseil de la terre natale ;
Interrogeons l’esprit des vallons familiers ;
Pour nous verser à flots sa science vitale,
La nature enseignante attend ses écoliers.

Voici la chasse ouverte et les vignes sont mûres !
Je veux voir, dans la classe où demain nous entrons,
Au lieu d’encre à vos doigts le jus pourpré des mûres,
La poussière à vos pieds et le hâle à vos fronts.

Le livre aimé palpite et s’ouvre à notre approche ;
Il est écrit de fleurs, illustré de soleil.
Chaque pas fait jaillir, de l’herbe et de la roche,
Quelque brin de science, une image, un conseil.

Ce vaste mont, fendu de la base à la crête,
Des temps amoncelés nous trahit l’épaisseur ;
Cette plante me livre une vertu secrète ;
La ruse de l’oiseau se transmet au chasseur.