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DIANE.


Pour les braves cœurs de chez nous
C’est un amour héréditaire.
Ecoute, ami, sur mes genoux,
Cette histoire de ton grand-père :

Ils étaient quatre enfants joyeux,
Très gâtés, disait le vulgaire :
Car jadis, chez nos bons aïeux,
Les plus tendres ne gâtaient guère.

Mais votre aïeule, en vérité,
Commença le nouveau système ;
Mon père était enfant gâté,
Je le fus, vous l’êtes de même.

Je ne m’en plains pas, jusqu’ici ;
Oh non, mes bien-aimés ! j’espère
Que vous serez tous, Dieu merci,
Enfants gâtés… comme mon père.

Donc, au scandale des voisins,
Dans sa douceur intelligente,
Pour les gros péchés enfantins
Ma grand’mère était indulgente.

Mais des crimes renouvelés
Il fallait bien faire justice ;
Et dans ces âges reculés,
Tu sais quel était le supplice ?

Les pleurs étaient de nul secours.
Mais, si grave que fût l’offense,