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LOIN DU FOYER.

A, d’une voix libre et sonore,
Dicté ses premières chansons.

« Là, sous les pins et les yeuses,
Tu sais qu’il est plus d’un manoir
Dont les grandes portes joyeuses
S’ouvriront pour te recevoir ;

« Que les amitiés empressées,
Les propos charmants, les beaux vers,
Effaceront de tes pensées
La noire empreinte des hivers.

« Le soleil fut ton premier maître ;
C’est à lui de te rajeunir…
Va-t’en là-bas, va-t’en renaître
À la chaleur du souvenir !
 
« Reviens sur la terre enchantée
Où tu cueillis les pommes d’or ;
Tu peux, vieux lutteur, comme Antée,
T’y relever poète encor. »

Ainsi parlait un docteur sage ;
J’ai voulu suivre ce conseil.
Avec les oiseaux de passage
J’ai fui du côté du soleil.
 
Je souffrais de l’âpre froidure ;
Les grands cygnes étaient partis,
Et pour courir même aventure
Je vous ai quittés, chers petits !